Chers consœurs, confrères, amis, 

Le 28 avril est le Jour de deuil national, un jour pour se souvenir des personnes qui sont mortes ou ont été blessées au travail. C’est aussi un jour où nous devons tous nous engager à nouveau à améliorer la santé et la sécurité et à prévenir les tragédies sur tous les lieux de travail.

Malheureusement, dans l’économie d’aujourd’hui, les entreprises mettent régulièrement les profits au-dessus de la sécurité. Mais bien que l’objectif de toute entreprise soit certainement de gagner de l’argent, ne pas tenir compte de la santé et de la sécurité des travailleurs pour maximiser le rendement pour les actionnaires comporte également des risques pour l’entreprise. 

Ne cherchez pas plus loin que le déraillement mortel d’un train du Canadien Pacifique (CP) en février 2019, près de Field, en Colombie-Britannique, qui a fauché la vie de trois confrères Teamster. Le rapport officiel sur l’accident a été publié le mois dernier. 

Le Bureau de la sécurité des transports (BST) a constaté que le CP avait « normalisé » des problèmes généralisés comme les mauvais fonctionnements des freins par temps froid. Selon le BST, ces problèmes ont été signalés année après année et largement ignorés. Aucune évaluation des risques n’a jamais été effectuée et des mesures correctives appropriées n’ont jamais été prises.

Parce que les profits l’emportent sur la sécurité dans le monde des affaires, les dirigeants du Canadien Pacifique ont tout de même reçu des primes de sécurité pour les travailleurs cette année-là. Selon le Globe and Mail, l’entreprise a versé 6,6 millions de dollars en primes à ses six cadres les mieux payés, dont 800 000 $ étaient directement liés au dossier de sécurité de l’entreprise. Le volet sécurité a constitué plus de 350 000 $ de la prime de près de 3 millions de dollars du PDG. D’autres gestionnaires du CP ont également reçu des primes pour leur rendement en matière de sécurité.

Le déraillement fait maintenant l’objet d’une enquête criminelle de la GRC. L’une des principales décisions consistera à déterminer dans quelle mesure la négligence criminelle de la part du CP a joué un rôle dans le déraillement. 

Au Canada, ce n’est que récemment que les gestionnaires et les administrateurs de sociétés sont devenus criminellement responsables lorsqu’ils n’ont pas pris de mesures pour protéger la vie de leurs employés. La loi n’a été modifiée qu’après que les syndicats canadiens ont fait pression sur le gouvernement à la suite de la catastrophe de la mine Westray, qui a coûté la vie de 26 mineurs. Il a été établi plus tard que la société avait coupé les coins ronds en matière de sécurité à la recherche de profits plus élevés, avec des résultats mortels. 

Beaucoup de gens ne sont toujours pas conscients de l’importance du 28 avril. Nous invitons tout le monde à sensibiliser le public au Jour de deuil national en partageant ce message ou les innombrables autres que vous rencontrerez aujourd’hui. Vous pouvez également assister à des monuments commémoratifs dans votre communauté, allumer une bougie ou porter un ruban noir en l’honneur de ceux que nous avons perdus.

Mais surtout, vous pouvez honorer la mémoire des consoeurs et confrères que nous avons perdus en luttant pour la santé et la sécurité des vivants. Cela signifie qu’il faut assister aux réunions syndicales, s’impliquer dans les comités de santé et de sécurité, se concentrer sur la prévention et ne jamais avoir peur de parler quand on voit quelque chose de dangereux au travail.

Nous devons toujours nous battre pour la sécurité au travail. Les blessures et les décès en milieu de travail sont évitables, et notre syndicat sera toujours là pour tenir tête aux employeurs et défendre la santé et la sécurité de tous les travailleurs.

En solidarité, 

François Laporte
Président de Teamsters Canada
Vice-président de la Fraternité internationale des Teamsters