Montréal, le 16 novembre 2019 — Constatant une impasse à la table de négociation, la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada (CFTC) a remis hier soir un préavis de grève au Canadien National (CN).
Le syndicat espère toujours en arriver à un accord négocié que ses membres pourraient ratifier afin d’éviter toute interruption de service.
Or, si les parties ne parviennent pas à une entente, plus de 3 000 chefs et agents de train et agents de triage exerceront leur droit de grève le mardi 19 novembre à 0 h 01 HE.
Sécurité sur les rails et médicaments d’ordonnance
La santé et la sécurité des travailleurs sont au cœur du litige. À l’heure actuelle, le CN exige des conducteurs de trains qu’ils conduisent seuls les trains à partir de l’extérieur de la locomotive, en s’agrippant au train en mouvement d’une main et en manœuvrant la locomotive à l’aide d’une télécommande dans l’autre main. On s’attend à ce que les cheminots s’exécutent ainsi en tout temps, y compris sous la pluie et par temps glacial, sur des distances pouvant parfois atteindre environ 27 km.
Le CN a fait la sourde oreille aux demandes répétées du syndicat de mettre fin à cette pratique dangereuse et d’apporter d’autres ajustements à ses méthodes d’exploitation dans l’intérêt de la sécurité des travailleurs.
Par ailleurs, certaines demandes du CN visent à accroître le rendement tout en réduisant le personnel. Concrètement, cela signifie qu’il serait plus difficile pour les travailleurs de prendre des congés et qu’ils devraient travailler de plus longues périodes sans repos.
« Le Bureau de la sécurité des transports du Canada reconnaît que la fatigue est un enjeu majeur de sécurité dans le secteur ferroviaire. Un trop grand nombre de cheminots conduisent des trains alors qu’ils devraient se reposer, rappelle le président de la CFTC, Lyndon Isaak. Pour la sécurité de tous les Canadiens, le CN ne doit pas empêcher nos membres de prendre les périodes de repos dont ils ont besoin. »
De plus, le CN tente d’imposer aux travailleurs un plafond à vie sur la couverture des médicaments d’ordonnance. Cette mesure équivaudrait à refuser aux travailleurs et à leur famille un traitement médicalement approprié pour certains types de cancer, la polyarthrite rhumatoïde, le diabète et d’autres maladies chroniques.
Les salaires ne sont pas un point d’achoppement majeur dans ces négociations.
Les travailleurs disent non à l’arbitrage
Plutôt que d’essayer de négocier une entente, le CN veut soumettre à l’arbitrage exécutoire ces enjeux et d’autres points en litige. En réglant ses différends avec le syndicat par voie d’arbitrage, l’entreprise espère réaliser des gains inatteignables par voie de négociation.
« Le CN affirme à nos membres faire face à des moments difficiles, mais la réalité, c’est que l’entreprise a engrangé plus de 3,8 milliards de dollars au troisième trimestre de 2019. Le CN devrait avoir honte de plaider la pauvreté, affirme Lyndon Isaak. L’appât du gain et du rendement des actionnaires, au détriment d’à peu près tout le reste, est précisément ce qui ne va pas dans notre économie. »
Le syndicat et l’entreprise sont en négociation depuis sept mois et travaillent avec des médiateurs fédéraux depuis une soixantaine de jours. En septembre, les travailleurs ont voté à 99,2 % en faveur de la grève. Leur convention collective est échue depuis le 23 juillet 2019.
En cas de débrayage, le transport de marchandises et autres activités du CN seraient interrompus, mais pas le transport des passagers.
Les pourparlers se poursuivent à Montréal.
Les Teamsters représentent près de 125 000 membres au Canada dans tous les secteurs, dont plus de 16 000 dans l’industrie ferroviaire. La Fraternité internationale des Teamsters, à laquelle Teamsters Canada est affiliée, compte 1,4 million de membres en Amérique du Nord.
-30-