François Laporte est le président du syndicat des Teamsters canadiens. Les Teamsters représentent les intérêts de dizaines de milliers de camionneurs-euses en Amérique du Nord.
Avec raison, on a beaucoup parlé des infirmières, des préposés aux bénéficiaires, des caissières et de quelques autres corps de métier depuis le début de la pandémie. Cependant, un des angles morts de la pandémie est le travail considérable et discret qu’accomplissent les camionneurs et les camionneuses chaque jour depuis le début de cette crise que nous vivons collectivement.
Sillonnant l’entièreté de l’Amérique d’est en ouest et du nord au sud, les routiers assurent l’approvisionnement des commerces, des épiceries et des hôpitaux, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Ce faisant, ils assurent notre bien-être collectif.
Leur dévouement et leur courage sont sous-estimés. Sans eux, les Canadiens et Canadiennes feraient face à de nombreuses et insurmontables difficultés. Comment nourrir sa famille sans fruits et légumes frais livrés à l’épicerie du quartier? Comment soigner les gens malades et venir en aide aux plus vulnérables sans les produits médicaux acheminés par camion?
Au plus fort de la crise, le quotidien de ces travailleurs n’était pas toujours facile. Qui n’a pas entendu parler des toilettes qui n’étaient pas disponibles pour ces routiers qui passent de longues heures dans la cabine de leur véhicule? Ou des restaurants qui ne donnaient plus accès au comptoir pour commander un repas chaud? N’oublions pas la fermeture de centaines de haltes routières un peu partout en Amérique du Nord, qui a privé de nombreux camionneurs de douches largement méritées après de longues heures de travail.
Et ce ne sont que quelques exemples parmi tant d’autres des difficultés auxquelles ont fait face les routiers chaque jour.
Je pourrais aussi vous parler des épiceries auxquelles les camionneurs n’avaient plus accès, de peur qu’ils soient porteurs de la COVID-19 parce qu’ils revenaient des États-Unis.
Malgré le fait qu’on faisait peu de choses pour faciliter la tâche des routiers, la chaîne d’approvisionnement devait continuer sans interruption. La roue devait continuer de tourner sans interruption, quelles que soient les conséquences sur les conducteurs de camions.
Les camionneurs ont continué à effectuer les livraisons courageusement, sans rien demander de plus.
Je pense qu’il est temps de prendre conscience que la situation serait beaucoup plus difficile sans l’apport de ces conducteurs et conductrices qui quittent leur foyer chaque jour pour assurer les livraisons de denrées et produits médicaux aux quatre coins du Canada.
Il est temps de récompenser les camionneurs pour leurs sacrifices. Que ce soit par des congés de taxes, par des subventions aux salaires ou par tout autre moyen, les gouvernements provinciaux – et Ottawa – auraient tout intérêt à remercier les routiers pour le travail qu’ils ont fait et qu’ils continueront à faire au cours des prochains mois.
Les camionneurs jouent un rôle essentiel dans notre bien-être. Sans leur apport, à quoi ressembleraient nos communautés aujourd’hui?