Hier nous étions à Ottawa afin de parler contre le Partenariat transpacifique (PTP), un accord commercial négocié secrètement qui comporte de sérieuses lacunes.

Les Canadiennes et Canadiens ont élu le gouvernement fédéral sur une promesse de bâtir une classe moyenne forte, et cette promesse doit être au centre de toutes les décisions du gouvernement. Or, le PTP reflète surtout les intérêts des grandes entreprises plutôt que ceux de la classe moyenne.

Nous savons tous que les accords de libre-échange ont déjà envoyé des milliers de bons emplois à l’étranger. Or, le PTP va encore plus loin. L’accord permet aux entreprises de faire venir des travailleurs étrangers pour occuper des emplois qui ne peuvent être envoyés outre-mer, comme les emplois dans le secteur de la construction.

Les coûts des soins de santé sont également en jeu. Les concessions faites aux sociétés pharmaceutiques par le PTP, surtout en ce qui concerne la protection de brevets, risquent d’accroître de plus de 800 millions de dollars par année les dépenses en médicaments des Canadiens et Canadiennes. De plus, notre gouvernement ne serait plus autorisé à étendre notre système de santé publique pour inclure un programme d’assurance-médicaments universelle.

Et comme si cela ne suffisait pas, le PTP pourrait même faire pourrir notre lait. En éliminant notre système de gestion de l’offre, on risque de perdre des centaines d’emplois dans l’industrie laitière. Le Canada se retrouvera obligé d’importer son lait de pays aussi lointains que la Nouvelle-Zélande, sans aucune des garanties de fraîcheur ou de qualité auxquels nous sommes habitués.

David Froelich, le directeur de la Division des laiteries à Teamsters Canada, était justement à Ottawa pour rencontrer des députés à ce sujet. « Je crois que le PTP interfère avec les obligations du gouvernement canadien en ce qui concerne la sécurité alimentaire et la protection des droits des travailleurs, » a-t-il dit avant d’entrer en réunion avec des députés. « Je ne pense pas que le PTP sera bon pour les Canadiens. Pas avant la semaine des quatre jeudis, en tout cas. »

Teamsters Canada s’intéresse surtout à voir des études (il n’y en a eu aucun, à date) pour connaitre les conséquences exactes du PTP sur l’industrie laitière. Et bien que le gouvernement a offert d’indemniser les producteurs de lait pour les pertes éventuelles découlant du PTP, nous estimons que tous les travailleuses et travailleurs de cette industrie devraient avoir accès à un plan de compensation. Par exemple, cette compensation pourrait prendre la forme d’argent pour aider les plus âgés à faire une transition plus rapide vers la retraite, ou encore de la formation pour aider les plus jeunes à trouver un nouvel emploi.

Dans le cadre du PTP, les gouvernements ne seraient plus autorisés à préserver son interdiction sur le lait sans hormone ou exiger aux entreprises d’embaucher des résidents canadiens. En raison de la procédure de règlement des différends prévu dans cet accord, les grandes entreprises pourraient poursuivre les gouvernements qui menacent les privilèges que le PTP leur confère. Mais pas dans les tribunaux canadiens; les différends seraient réglés en privé par un panel d’avocats d’entreprise.

Voilà donc ce qui arrive lorsqu’on permet aux gouvernements et aux lobbyistes des grandes entreprises de négocier un accord commercial dans un secret absolu. L’ancien gouvernement canadien n’a pas fait de place aux syndicats et aux autres organisations non gouvernementales à la table de négociations parce qu’il savait que le PTP n’aurait jamais pu être négocié en public.

Bien que le PTP soit présenté comme un accord de libre-échange, la réalité est que le Canada a déjà conclu des accords de libre-échange avec 98% des plus grands pays impliqués dans le PTP. Sur le plan économique, les conséquences de ne pas s’embarquer dans ce partenariat seraient négligeables. Mais pour les travailleuses et travailleurs et autres membres de la classe moyenne, le PTP peut s’avérer terrible.

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