Les histoires d’horreur rapportées dans la série de reportages de la Presse concernant la qualité des soins dont bénéficient les personnes hébergées dans les CHSLD, notamment, ne nous a pas surpris. Au syndicat des Teamsters, nous dénonçons sur toutes les tribunes ces graves enjeux qui ne sauraient nous faire oublier le dévouement est les sacrifices effectués par la très vaste majorité des travailleurs et travailleuses qui oeuvrent dans cette industrie.
Ces enjeux dont la Presse a fait état sont fondés sur le manque de ressources et le manque de temps. Nos membres, qui oeuvrent auprès des aînés les plus vulnérables de la société, sont au bord de l’épuisement. Ils font face à ce mur parce qu’ils sont de moins en moins nombreux à donner des soins aux aînés. Et ils sont moins nombreux parce que les conditions de travail sont pitoyables.
C’est aussi simple que cela.
Par exemple, quand il manque 10 travailleurs sur un quart de travail dans un CHSLD, cela ne peut qu’avoir des impacts considérables non seulement sur la qualité des soins aux aînés, mais aussi sur la santé et la sécurité du personnel et sur la motivation de certains d’entre eux à rester dans la profession.
Aucune enveloppe monétaire visant à améliorer la formation ne viendra régler ce problème. Seule une amélioration des conditions des travailleurs-euses fera échec à ce cercle vicieux. Un préposé aux bénéficiaires dans le privé gagne autour de 15 $/h, tandis que ce même travailleur verra son taux horaire à 21$/h au public. Les travailleurs du privé et du public font pourtant exactement le même travail. Rien ne justifie cette disparité de traitement. Rien.
La situation s’est tellement dégradée au cours des dernières années dans les CHSLD et résidences privées pour aînés que de nombreux confrères et de nombreuses consoeurs ont choisi de quitter la profession. Certains sont en burnout. D’autres en accident de travail, ayant subi des coups et des blessures de personnes âgées en perte d’autonomie cognitive. Plusieurs parce que les conditions dans le secteur privé sont pitoyables. Certains établissements sont désormais obligés de se tourner vers des infirmières auxiliaires pour faire le travail des préposés aux bénéficiaires.
Et je vais m’abstenir de vous parler du temps supplémentaire obligatoire où on force parfois nos membres à travailler 24 heures consécutives.
Au cours des derniers mois, nous avons rencontré les députés-ées Catherine Dorion (QS), Harold Lebel (PQ) et Monique Sauvé (PLQ) qui sont tous d’accord avec les constats et les solutions que nous proposons. Proches du terrain, ils ont compris que la situation est critique.
Nous avons aussi rencontré la ministre Marguerite Blais et des représentants du ministère du Travail. Notre message était clair, net et précis : le gouvernement doit décréter les conditions de tous les travailleurs pour qu’elles soient équivalentes à celles de leurs confrères et consoeurs au public.
Nous attendons encore une réponse de leur part.
Pendant ce temps, la situation ne cesse de se dégrader comme le rapportait ces derniers jours la Presse. Viendra aussi le jour où seuls les aînés en excellente santé ou très riches pourront se permettre d’aller au privé.
Est-ce le genre de société dans laquelle nous désirons vivre?