Ottawa, le 20 septembre 2016 – Certaines conclusions rendues publiques hier par le Bureau de la sécurité des transports (BST) à propos des enregistreurs audio-vidéo à bord des locomotives font vivement réagir les dirigeants du syndicat des Teamsters. La Conférence ferroviaire de Teamsters Canada (CFTC), qui a participé à cette étude, représente les intérêts de la très grande majorité des travailleurs qui opèrent les trains au pays.

Le rapport recommande que le BST et les sociétés ferroviaires puissent consulter les enregistrements audio-vidéo. Bien que le syndicat des Teamsters soit d’accord que le BST puisse consulter ces enregistrements aux fins d’enquête à la suite d’accidents ferroviaires, il s’oppose catégoriquement à ce que les transporteurs y aient accès.

« Nous sommes en désaccord avec l’interprétation que fait le BST de certaines données, mais je tiens à mentionner ici que nous maintenons la même position dans ce dossier depuis des années. Nous sommes d’accord avec la mise en place et l’utilisation de ces dispositifs [les enregistreurs audio-vidéo], à condition que le BST soit le seul à avoir accès aux enregistrements, explique le président de la CFTC, Doug Finnson. Les transporteurs ferroviaires ne doivent pas avoir accès à ces données puisque cela créerait une intrusion sans précédent – et inutile – dans la vie des travailleurs et qu’il s’agirait d’une violation de leurs droits à la vie privée. »

L’étude du BST reconnaît « les préoccupations à l’égard de la protection des droits des employés » et la nécessité d’une mise en place qui respecte un « équilibre » et « des lignes directrices claires sur l’utilisation des données ». Cependant, Doug Finnson pense qu’une culture de la peur et d’intimidation résultera d’une surveillance 24 heures sur 24 des travailleurs par les dirigeants des transporteurs ferroviaires.

« Les sociétés ferroviaires pourraient utiliser ces enregistrements de manière arbitraire et les relations déjà nocives entre les parties se dégraderont encore considérablement, met en garde le leader syndical. Il s’agit d’une épée de Damoclès dont nous pouvons nous passer étant donné les relations acrimonieuses qui prévalent entre certains transporteurs et leurs travailleurs. »

Soulignons que le rapport produit par le Conseil consultatif sur la sécurité ferroviaire du 7 juin dernier démontre que le BST a demandé à 5 reprises de consulter les enregistrements audio-vidéo à la suite d’accidents en 25 ans. Que le BST soit autorisé à accéder aux enregistrements dans un cadre délimité par la loi est une chose, mais un accès sans restriction par les transporteurs ferroviaires est une demande disproportionnée et sans précédent, ce qui signifierait des milliers de visionnements annuellement. Rappelons que la demande originale du Bureau de la sécurité des transports d’installer ces enregistreurs audio-vidéo sur les locomotives avait pour but de les aider dans leurs enquêtes. L’industrie utilise désormais cette demande à des fins de surveillance, ce qui est illégal.

Cela ajoutera également une pression considérable sur les cheminots, déjà lourdement taxés par de longues heures de travail et l’impossibilité pour eux, dans de trop nombreux cas, de refuser de travailler malgré la fatigue. Il devient donc évident qu’un mécanisme de gestion de la fatigue qui respecte les recherches scientifiques doit être mis en place dans l’industrie ferroviaire.

Conclusion : aucune preuve concrète ne démontre que la surveillance excessive des travailleurs par les transporteurs ferroviaires améliore la sécurité dans l’industrie. Par contre, la gestion de la fatigue grâce à la présence d’un plus grand nombre d’inspecteurs ferroviaires ayant pour mandat de vérifier l’état des voies ferrées et d’autoriser les travailleurs à se reposer lorsque ces derniers sont fatigués est la seule solution viable et efficace pour veiller à la sécurité du système ferroviaire et protéger à la fois les travailleurs et la population canadienne.

Les Teamsters représentent les intérêts de 120 000 membres au Canada dans tous les secteurs d’activité, dont près de 12 000 dans l’industrie ferroviaire. La Fraternité internationale des Teamsters, à laquelle Teamsters Canada est affilié, compte 1,4 million de membres en Amérique du Nord.

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