Avec la pandémie de COVID-19, la contribution des routiers au bien-être de tous les Canadiennes et Canadiens a été, plus que jamais, inestimable. Sans eux, l’économie aurait presque complètement cessé de tourner et le chaos se serait vite installé dans nos villes et campagnes.
Je tiens donc à souligner l’apport de ces travailleurs-euses dans le cadre de la Semaine nationale du camionnage en rappelant que de nombreux routiers doivent encore aujourd’hui trouver des solutions imaginatives pour assurer la livraison des produits et des denrées puisque la crise n’est pas encore terminée; les impacts se font encore sentir dans la chaîne d’approvisionnement.
Cela dit, il n’y a pas que la santé, la sécurité des camionneurs et la salubrité des cabines de leur véhicule qui représentent des enjeux pour eux. Il y a un autre défi important qui est resté à l’arrière-scène, mais auquel bon nombre de routiers doivent faire face depuis quelques années : il s’agit du phénomène des « camionneurs inc. ».
Un « camionneur inc. » c’est, grosso modo, un faux travailleur autonome qui exploite un véhicule commercial qui ne lui appartient pas ou qu’il ne loue pas. Ces travailleurs sont souvent forcés par une compagnie de transport de se constituer en société, même si elle est leur seule et unique employeur. Ils sont aussi pratiquement impossibles à distinguer d’un salarié régulier dans une entreprise de camionnage.
Nous avons aussi remarqué que les « camionneurs inc. » tire les conditions de l’ensemble des travailleurs de l’industrie vers le bas puisque les entreprises qui utilisent leurs services font une compétition déloyale à celles qui respectent les règles fiscales.
Je précise ici que je ne parle pas des propriétaires-exploitants qui, eux, paient leur juste part en taxes et impôts.
L’existence des « camionneurs inc » ouvre la possibilité à une évasion fiscale et les conséquences pour la société sont importantes : certains de ces travailleurs ne paient pas leurs taxes et impôts et des entreprises qui utilisent ce modèle lors d’embauches de routiers ne paient pas leurs déductions à la source, notamment la CNESST, le régime de retraite, l’assurances chômage, etc. Rappelons que ces déductions contribuent à maintenir le filet social.
On se retrouve alors avec un manque à gagner important pour l’ensemble de la société pendant que des dizaines de milliers d’autres routiers et leurs employeurs, qui respectent les règles du jeu fiscales, paient leur juste part.
De plus, les routiers qui utilisent le modèle « camionneur inc. » s’appauvrissent en croyant mettre un peu plus d’argent dans leurs poches à court terme, ignorant sans doute que le fisc finira par jeter un coup d’oeil de près à leurs revenus avec les conséquences qui en découlent.
Si jamais les « camionneurs inc. » se blessent au travail ou prennent leur retraite, il leur sera difficile de bénéficier de toute la gamme d’aides gouvernementales, puisqu’ils n’ont cotisé à aucun programme.
Au syndicat des Teamsters, nous sommes d’avis que tous les conducteurs de camions devraient bénéficier d’un salaire décent, d’assurances collectives avantageuses et de la possibilité de prendre une retraite bien méritée à un âge raisonnable.
Bref, si tous les camionneurs partaient sur un pied d’égalité, l’ensemble de leurs conditions s’amélioreraient d’un bout à l’autre du pays. Ainsi, on rendrait le métier attrayant et on pourrait attirer une main-d’oeuvre plus jeune.
Cela dit, bonne Semaine nationale du camionnage! Merci aux routiers pour leur bon travail et prudence sur la route!.