La lettre ci-dessous du confrère Craig McInnes a été envoyée au ministre des Finances de l’Ontario aujourd’hui.
Monsieur Peter Bethlenfalvy,
Comme vous le savez, quelque 9 000 travailleurs de la LCBO représentés par le SEFPO ont quitté le travail vendredi dernier après l’échec des négociations en vue d’une nouvelle convention collective. En réaction, la LCBO a fermé ses plus de 650 magasins dans toute la province pendant au moins deux semaines.
Après avoir pris connaissance de la lettre que vous avez envoyée à la Régie des alcools de l’Ontario pour la remercier d’avoir soutenu la vision du gouvernement d’un « marché de l’alcool élargi » qui donne la priorité à la « commodité et au choix » pour les consommateurs, je me suis senti obligé de vous écrire pour vous faire part de mes inquiétudes.
Dans votre lettre, vous parlez de la LCBO comme entreprise doté d’un « service de vente au détail de classe mondiale qui offre une expérience client exceptionnelle ». Comment pensez-vous qu’ils en sont arrivés là ? Si la LCBO a ce service de classe mondiale, c’est grâce aux travailleurs la société. Ce sont ces mêmes personnes sur lesquelles tous les Ontariens comptent pour assurer notre sécurité, grâce aux heures de formation qu’elles reçoivent pour garantir un service SMART aux consommateurs. Le niveau de concurrence qu’entraînera la privatisation des ventes d’alcool ne fera que diminuer la sécurité de tous les Ontariens. Alors que la Police provinciale de l’Ontario a exprimé ses vives inquiétudes quant à l’augmentation du nombre de cas de conduite avec facultés affaiblies dans notre province, voilà que notre gouvernement décide que le « choix et la commodité » de l’alcool doivent être la priorité ?
Ce même « service de classe mondiale » génère actuellement un dividende annuel d’environ 2,5 milliards de dollars pour la province, dont une grande partie est consacrée à des services publics clés tels que les soins de santé et l’éducation. Selon les chiffres de la LCBO, la province est confrontée à une perte nette de revenus de 150 à 200 millions de dollars par an à la suite des changements. Ce montant n’inclut pas les 225 millions de dollars que le gouvernement versera aux multinationales brassicoles pour mettre fin prématurément à un accord limitant les lieux et les quantités de bière et autres boissons maltées pouvant être vendues en Ontario.
Il est difficile de ne pas conclure que le gouvernement n’a trouvé qu’un autre moyen d’enrichir ses amis PDG, surtout après le fiasco de la ceinture verte.
En tant un des plus grands syndicats de notre pays, nous restons inébranlables dans notre lutte pour les droits des travailleurs. Et nous sommes aux côtés de nos confrères et consœurs représentés par le SEFPO dans cette lutte pour donner la priorité à la stabilité de l’emploi, à la sécurité publique et au financement des services publics tels que les soins de santé, l’éducation et les infrastructures, plutôt qu’au « choix et à la commodité ». Car non seulement les emplois sont en jeu, mais la menace qui pèse sur nos systèmes d’éducation et de soins de santé met en péril le mode de vie des Ontariens.
Je vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de mes salutations distinguées,
Craig McInnes
Président, Conseil conjoint 52 (Teamsters Ontario)