C’est mercredi dernier que se terminait la réunion annuelle du Conseil canadien des administrateurs en transport motorisé (CCATM). Cet organisme est responsable de la coordination de l’administration, de la réglementation et du contrôle du transport par véhicule automobile ainsi que de la sécurité routière au pays. Il réunit des dirigeants gouvernementaux, notamment les ministères des Transports fédéral et provinciaux, des représentants d’organismes et du Department of Transportation des États-Unis, ainsi que des représentants de l’industrie du camionnage.

Léo Laliberté de la Section locale 106 et Stéphane Lacroix de Teamsters Canada étaient présents. Avec Johanne Couture de la Owner Operator Independent Drivers Association, ils étaient les seuls représentants de travailleurs et travailleuses qui participaient à cette importante réunion. Malheureusement, le directeur de la Division des transports et des camions citernes, John McCann, a du s’absenter pour des raisons familiales. Pour sa part, le confrère Phil Benson, lobbyiste de Teamsters Canada, participait à un comité sur les véhicules autonomes à Ottawa.

Cette année, l’événement avait lieu au Centre des congrès de Québec. On y a parlé notamment de sécurité routière, de l’utilisation d’appareils électroniques à bord des véhicules, de la légalisation de la marijuana, de l’automatisation des véhicules, de la mise en place d’un permis de conduire électronique et d’une harmonisation de diverses réglementations territoriales et nationales.

Les représentants du syndicat des Teamsters ont donc participé à plusieurs ateliers et conférences afin de faire un suivi sur l’évolution de l’industrie du camionnage et faire connaître le point de vue des routiers aux différentes parties prenantes qui oeuvrent au CCATM.

La sécurité avant tout

Des experts en sécurité routière ont démontré lors d’ateliers que les usagers de la route s’entêtent à utiliser illégalement leurs cellulaires au volant malgré l’augmentation des contraventions et des points d’inaptitudes. Les études indiquent d’ailleurs que les systèmes embarqués, notamment les GPS, ne sont pas encore conçus de manière à limiter au strict minimum l’interaction des automobilistes avec une interface, augmentant les risques d’accidents de manière considérable.

Qu’on se le dise, l’utilisation d’un cellulaire au volant est dangereuse et interdite. Bref, lorsque vous démarrez votre auto ou votre camion, votre appareil devrait être rangé jusqu’à ce que vous atteigniez votre destination.

Pour ce qui est des camionneurs, ce n’est pas tant l’utilisation du téléphone au volant qui pose problème. Les statistiques compilées par plusieurs corps policiers partout au Canada ont démontré que les camionneurs se voient remettre plus de contraventions liées à une ceinture de sécurité qui n’est pas bouclée qu’à cause de la manipulation d’un appareil électronique.

Les enjeux qui touchent les routiers

Malgré des mises en garde, des lettres ouvertes et des entrevues données par le syndicat des Teamsters, les législateurs permettront très bientôt à des flottes de véhicules autonomes de circuler sur des routes, alors que la technologie n’est clairement pas au point.

Cette lubie qu’ont certains représentants gouvernementaux et vendeurs de véhicules ne semble pas sur le point de prendre fin. Il est à espérer que les législateurs, tant du côté canadien qu’américain, finiront par comprendre la nécessité d’encadrer très sévèrement ces supposées innovations avant que des carambolages viennent enlever la vie à des usagers de la route.

Il est à noter que la pénurie de la main-d’oeuvre, un enjeu central qui mine le fonctionnement de l’industrie du transport routier, n’a pas vraiment été abordée et discutée directement lors de cette réunion annuelle du CCATM. Les représentants des Teamsters n’ont pas hésité à faire remarquer à différents représentants patronaux et gouvernementaux qu’une grande partie des défis à relever dans le camionnage au cours de prochaines années découle directement des conditions de travail et du manque d’attractivité de l’industrie.

Autre constat: toutes les réglementations nord-américaines sont en train de s’ajuster aux normes états-uniennes, entre autres en matière de transport de matières dangereuses et de suivi des cargaisons et des véhicules. Il s’agit d’une tendance à laquelle les autorités canadiennes ne peuvent pas véritablement s’opposer étant donné l’intégration des deux plus grandes économies nord-américaines.

En conclusion, les dirigeants du syndicat des Teamsters canadiens continueront de travailler en étroite collaboration avec leurs confères et consoeurs de la Fraternité internationale des Teamsters, ainsi qu’avec l’industrie et les législateurs, afin de mettre en place des réglementations et des procédures respectueuses des enjeux auxquels font face les travailleurs et les travailleuses qui oeuvrent dans l’industrie du transport routier.