Jean Chartrand est président de la Section locale 106 des Teamsters qui représente les intérêts de plus de 1000 travailleuses et travailleurs oeuvrant dans le transport scolaire
La récente annonce de grèves potentielles qui pourraient paralyser le transport des élèves de commissions scolaires en Montérégie, à Montréal et à Laval a suscité beaucoup d’attention des médias. Ce n’est pas étonnant puisque des milliers de parents pourraient être obligés d’amener eux-mêmes leurs enfants à l’école.
Les travailleurs et travailleuses de cette industrie, qui gagnent entre 20 000 $ et 25 000 $ par année, doivent être déterminés pour se lancer dans un conflit de travail de cette envergure, sachant que l’absence d’autobus scolaires sur les routes irrite les parents au plus haut point.
Cependant, avant de montrer du doigt les syndiqués, il faut comprendre la réalité de cette industrie: le ministère de l’Éducation, qui remet aux commissions scolaires une enveloppe budgétaire pour le transport des élèves, est le donneur d’ouvrage indirect dans cette affaire. Cette année, le ministre Proulx ajoutera une maigre augmentation de 1,43 % à cette enveloppe budgétaire. On a donc ici un premier problème structurel puisque l’Indice des prix à la consommation s’est apprécié de 1,8 % l’année dernière seulement.
Et encore, ce n’est pas la totalité de cette enveloppe qui sera remise aux transporteurs scolaires puisqu’une partie de celle-ci demeurera dans les commissions scolaires. Donc nous avons ici un deuxième problème structurel.
Cela s’ajoute au fait que les conducteurs et conductrices d’autobus scolaire doivent composer avec des horaires atypiques qui coupent leur journée en deux. Il est donc impossible pour ces salariés d’occuper un autre emploi pour joindre les deux bouts.
Les solutions sont pourtant simples: le gouvernement Couillard doit bonifier le financement du transport scolaire, mais aussi s’assurer que les commissions scolaires soient contraintes à verser l’entièreté de l’enveloppe budgétaire aux transporteurs. De cette manière, les salarié(e)s qui subissent des conditions de travail médiocres pourront espérer améliorer leur sort. Cette industrie, qui n’est plus attrayante depuis longtemps pour les jeunes travailleurs, pourra enfin recommencer à attirer la relève. L’amélioration des conditions de ces conducteurs et conductrices aura également un impact significatif dans les communautés puisque, plus riches, ces travailleurs payeront plus de taxes et d’impôts et dépenseront plus d’argent dans les commerces.
Le calcul mathématique – et politique – n’est pas très difficile à faire. Il ne reste plus au ministre Proulx et au gouvernement Couillard qu’à avoir le courage de passer à l’action pour améliorer le sort de ces travailleurs et assurer la paix industrielle pour plusieurs années.
C’est ce que nous souhaitons puisque cela pourrait contribuer à éviter des grèves dans les prochaines semaines qui perturberont l’horaire des enfants et de leurs parents.