Laval, 19 octobre 2018 — À défaut d’avoir été convié à la première pelletée de terre de la nouvelle usine Molson sur la Rive-Sud de Montréal, le syndicat des Teamsters a décidé de s’y inviter. Éric Picotte, porte-parole des travailleurs et des travailleuses et président syndical de l’usine Molson de la rue Notre-Dame, sera disponible pour accorder des entrevues. Il sera aussi accompagné de confrères et de consoeurs de l’usine de la rue Notre-Dame à Montréal.
Bien que le syndicat des Teamsters soit heureux que la direction de Molson-Coors ait choisi de maintenir les activités du brasseur dans la région métropolitaine, il y a néanmoins de très importants enjeux qui doivent être discutés sur la place publique en rapport avec le virage canette qu’ont pris les grands brasseurs établis au Québec au cours des dernières années.
Rappelons que l’ex-ministre de l’Environnement du Québec, Isabelle Melançon, avait ignoré plusieurs demandes de rencontres de la part des dirigeants du syndicat des Teamsters qui voulaient discuter de l’avenir de l’Entente Recyc-Québec qui a pris fin il y a deux ans.
Cette entente est issue de la Loi sur la vente et la distribution de bière et de boissons gazeuses dans des contenants à remplissage unique. Elle imposait des pénalités aux brasseurs lorsqu’ils vendaient plus de 37 % de leur production de bière en canettes. À l’heure actuelle, les grands brasseurs vendent plus de 55 % de leur production de bière dans des canettes, ce qui démontre que même cette entente n’a pas découragé les Molson et Labatt de ce monde de produire de la bière dans des contenants moins écologiques.
Depuis la fin de l’Entente Recyc-Québec, les brasseurs sont théoriquement en mesure de produire autant de bière en canette qu’ils le désirent sans avoir à payer les pénalités prévues par la loi, puisque celle-ci est échue.
Le syndicat des Teamsters souhaite discuter de ces enjeux avec Mme MarieChantal Chassé, la nouvelle ministre de l’Environnement, puisque les décisions du brasseur en rapport avec la nouvelle usine auront des incidences à la fois économiques, sociales et environnementales.
Incidences économiques – le virage canette qu’a pris les grands brasseurs, dont Molson, jumelé à la construction d’une nouvelle usine et la mise en place de nouvelles technologies, font craindre aux travailleurs de nombreuses pertes d’emplois puisqu’une ligne de production de canettes emploie moins de travailleurs qu’une ligne de production de bouteilles. Notre perception est que les avantages du virage canette ne profitent qu’aux actionnaires de Molson, pas à la collectivité ou aux travailleurs.
Incidences sociales – La perte éventuelle de nombreux emplois pourrait priver les trois paliers de gouvernements de revenus provenant des taxes et des impôts payés par les salarié(e)s de Molson en plus de mettre au chômage des hommes et des femmes dans la force de l’âge. Le virage canette a donc des impacts sociaux que le gouvernement Legault aurait tort de sous-estimer.
Incidences écologiques – Les bouteilles brunes décapsulables sont réutilisées jusqu’à 17 fois, puis récupérées, recyclées et refondues dans la région métropolitaine. Par opposition, les canettes sont utilisées une seule fois, récupérées et recyclées à l’extérieur du Québec. De plus, près du tiers de ces contenants en aluminium finissent dans les sites d’enfouissement. Il nous apparaît donc évident que les contenants en aluminium ne sont pas aussi avantageux écologiquement que les bouteilles brunes décapsulables.
Le récent rapport du GIEC sur l’urgence d’intervenir pour faire face à la crise environnementale vient confirmer que la position prise par le syndicat des Teamsters à ce sujet est la bonne puisque la production, la distribution et la récupération des bouteilles brunes décapsulables génèrent moins de GES que les canettes.
Le premier ministre François Legault a d’ailleurs mentionné aujourd’hui lors de l’annonce de la composition de son cabinet être sincèrement préoccupé par l’environnement.
L’instabilité cause des départs à l’usine
Le syndicat des Teamsters remarque que les travailleurs et les travailleuses de Molson sont très inquiet(e)s depuis l’annonce de la construction de la nouvelle usine sur la Rive-Sud. En effet, le virage canette, les changements technologiques et l’absence d’informations concernant la nouvelle usine créent de l’instabilité, poussant une quarantaine de salarié(e)s à quitter leurs emplois depuis l’été dernier. Par conséquent, des répercussions ont été ressenties dans tous les départements de l’usine : livraisons, fabrication, empaquetage, etc.
Dans un contexte de plein emploi, Molson-Coors ne peut se permettre de perdre autant de travailleurs. Il doit les informer de ce qui les attend lorsqu’ils déménageront sur la Rive-Sud afin de les retenir et d’assurer une transition efficace dans la nouvelle brasserie.
La première pelletée de terre de la nouvelle usine Molson est, certes, un événement important qui mérite d’être souligné, mais il ne faut pas perdre de vue tous les enjeux auxquels font face les salarié(e)s de cette légendaire brasserie.
Le syndicat des Teamsters représente les intérêts de près de 40 000 travailleuses et travailleurs au Québec, dont plusieurs milliers qui oeuvrent dans différentes brasseries. Teamsters Canada et ses 125 000 membres sont affiliés à la Fraternité internationale des Teamsters, dont l’effectif syndical est de 1,4 million de membres en Amérique du Nord.
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Renseignements :
Stéphane Lacroix, directeur des Communications et des Affaires publiques
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