Jean Chartrand est président de la Section locale 106 des Teamsters et représente les intérêts de plusieurs milliers de camionneurs et de camionneuses au Québec
Le récent reportage du Journal de Montréal concernant le comportement de certains camionneurs sur les routes du Québec n’a pas manqué d’attirer mon attention et suscité mon indignation. J’ai été moi-même camionneur pendant plusieurs décennies et j’ai observé avec regret que le comportement de certains de mes confrères et consoeurs a changé au fil du temps.
On a pas à chercher de midi à quatorze heures pour expliquer cet inquiétant phénomène. Bien que les camionneurs fautifs portent une grande partie de la responsabilité de leur conduite dangereuse, il faut aussi être conscient que les conditions dans l’industrie du transport routier – notamment pour les travailleurs non syndiqués – sont difficiles et qu’elles peuvent pousser certains travailleurs à violer le Code de la sécurité routière afin d’arriver à destination à temps.
En clair, les camionneurs sont pressés comme des citrons pour livrer leur marchandise à temps. C’est aussi simple que ça.
Les Teamsters s’inquiétaient déjà des conséquences de cette pression mise sur les routiers dans un rapport que nous avons déposé lors des consultations effectuées par la Société d’assurance automobile du Québec (SAAQ) en février 2017. Le reportage du journaliste David Prince du Journal de Montréal vient confirmer que nous avions raison de tirer la sonnette d’alarme.
Améliorer les conditions des routiers pour assurer la sécurité routière de tous les usagers
Nous réclamons depuis des années que les conditions de travail des routiers soient améliorées et normalisées. Un camionneur payé à l’heure et disposant d’un temps raisonnable pour effectuer la livraison de la marchandise ne sera pas tenté de conduire dangereusement pour atteindre sa destination à temps et assurer son gagne-pain.
Bref, les Teamsters demandent à ce qu’on cesse de traiter les camionneurs et les camionneuses comme des travailleurs et travailleuses sans importance et la soi-disant pénurie de main-d’oeuvre prendra fin, tout en assurant la sécurité sur les routes.
Pour ce faire, les gouvernements provinciaux ainsi que le fédéral, les donneurs d’ouvrage et les employeurs dans le transport routier doivent accepter de lancer des consultations franches et basées sur la réalité des camionneurs. Nous sommes d’avis qu’il faut passer à l’action avant qu’une catastrophe ne survienne.
Nous avons collectivement et individuellement la responsabilité d’assurer la sécurité des usagers de la route. Les Teamsters font leur part en lançant un appel à tous et toutes. La balle est désormais dans le camp des autres parties prenantes dans cet important dossier.