Le 28 avril 2008 marquera le 24e anniversaire du Jour national de Deuil pour les travailleuses et les travailleurs tués ou blessés au travail. Le Jour national de Deuil est une initiative du Congrès du travail du Canada qui a débuté en 1984. C’est un événement qui est maintenant célébré partout dans le monde, d’Azerbaïdjan à la Zambie.

Malheureusement, le nombre d’accidents mortels en milieu de travail continue d’augmenter au Canada. En fait, le Canada continue d’avoir un des taux de mortalité les plus élevés de tous les pays de l’OCDE et c’est simplement inacceptable. En 2006, l’Association des commissions des accidents du travail du Canada (ACATC) a fait rapport que 976 accidents mortels sont survenus au travail au Canada, comparativement à 805 en 1996 – une augmentation de 18 % dans une période de 10 ans.

Trois ans passés, le milieu de travail était un endroit où, si vous étiez un employeur, vous pouviez tuer ou démembrer une autre personne presque sans conséquence. En 2005, un travailleur de 23 ans nommé Steve L'Ecuyer, a perdu la vie lorsqu’il a été écrasé par une machine au travail. Il ignorait que le mécanisme de sécurité qui devait prévenir un tel accident, avait été volontairement désengagé depuis plus d’un an par son employeur, Transpavé Inc.

Trois ans passés, Transpavé Inc. aurait payé une amende pour cet incident et le fait que les propriétaires et les dirigeants avaient consciemment entraîné la mort d’un homme, aurait été oublié et considéré comme un autre simple accident de travail. Cependant, cette année, Transpavé a dû payer une amende de 110,000 $ parce que la compagnie a été prouvée criminellement négligente dans le cas de Steve L'Ecuyer. C’est la première déclaration de culpabilité depuis que le Code criminel a été modifié en 2004. Les employeurs sont maintenant responsables lorsqu’ils enfreignent les lois de santé et de sécurité et qu’il y a perte de vie.

La décision de la cour a été de conclure une transaction pénale avec la compagnie pour assurer un plaidoyer de culpabilité. Le CTC est d’avis que la décision de la cour n’était pas seulement faible, mais qu’elle envoie un message fautif aux employeurs, à savoir qu’ils peuvent encore se permettre de risquer la vie des travailleuses et des travailleurs sans subir des conséquences personnelles. C’est malheureux que la décision dans le cas de Transpavé fait très peu justice aux mineurs de Westray qui ont entraîné la modification de la loi. Cette décision ne fait certainement pas justice aux amis et à la famille de Steve L'Ecuyer.

En réponse au désastre de la mine Westray de la Nouvelle-Écosse en 1992, où 26 hommes ont péri en raison de la négligence de l’employeur, le Congrès du travail du Canada et les syndicats (particulièrement les Métallos), ont lutté longtemps et durement pour gagner des amendements au Code criminel. Aucune déclaration de culpabilité criminelle n’en a résulté jusqu’à ce qu’il y ait eu une accusation contre Transpavé.

Tout accident mortel ou blessure en milieu de travail est évitable. Chaque année, nous réitérons notre demande d’appliquer plus sévèrement les lois existantes, mais nous ne voyons pas l’action nécessaire. Une meilleure application de la loi aurait pu sauver des milliers de vies perdues lors d’accidents du travail dans la dernière décennie. Les personnes qui ont perdu la vie sans raison et injustement seraient encore avec leurs familles, leurs amis et leurs collègues.

Notre thème cette année « Pleurer les disparus, lutter pour les vivants – maintenant plus que jamais ! » nous rappelle ce que nous devons faire dans l’espoir non seulement prévenir et réduire, mais d’éliminer les accidents mortels et les blessures au travail.