Bruxelles, le 12 novembre 2003 (CISL En Ligne) : D’après la CISL (Confédération internationale des syndicats libres), le travail des enfants, le travail forcé, les infractions aux droits syndicaux et la discrimination sexuelle restent très répandus en Thaïlande.

Dans un nouveau rapport sur la Thaïlande, dont la sortie coïncide avec l’examen des politiques commerciales thaïlandaises par l’OMC cette semaine, la CISL met en exergue les violations continues par la Thaïlande de conventions fondamentales internationales du travail ratifiées par ce pays et appelle les autorités thaïlandaises à observer ces normes.

La CISL attire, notamment, l’attention sur des atteintes régulières à la liberté d’association. Bien que les droits syndicaux soient légalement reconnus, la protection contre la discrimination antisyndicale est limitée dans la pratique. Par ailleurs, les dispositions gouvernementales interdisent aux fonctionnaires de constituer des syndicats.

Le rapport critique le Code du travail thaïlandais, qui restreint durement les droits de négociation collective et de grève. Une version amendée du Code du Travail risquerait d’affaiblir ces droits davantage en attribuant au ministre du Travail le pouvoir d’imposer l’arbitrage et de mettre fin à tout conflit syndical par décret. Le ministre du Travail s’en verrait, par ailleurs, nanti de l’autorité d’ordonner aux syndicats de ne pas revendiquer d’augmentations salariales et aux employeurs de ne pas en accorder.

D’après le rapport, les femmes sont victimes de discrimination considérable dans l’emploi et la rémunération. Les femmes touchent des salaires inférieurs pour un travail de valeur égale dans pratiquement tous les secteurs de l’économie ; elles sont, par ailleurs, confinées dans des emplois moins bien rémunérés, avec un accès plus limité à l’éducation. Le taux d’alphabétisation chez les femmes est nettement inférieur à celui des hommes. Les travailleurs migrants, dont la plupart travaillent pour des salaires de misère et dans des conditions extrêmement précaires, sont eux aussi victimes de discrimination.

Le travail des enfants est répandu en Thaïlande, en ce compris les pires formes de travail des enfants. De nombreux enfants travaillent dans des exploitations agricoles familiales ou de façon clandestine dans les zones urbaines, principalement dans le secteur des services. Ils sont extrêmement vulnérables à l’exploitation. Un grand nombre de ces enfants, qui travaillent en tant que domestiques ou dans la prostitution, proviennent de pays avoisinants.

Le travail forcé est interdit par la loi mais reste présent en Thaïlande. Les exemples incluent notamment le trafic de femmes et de filles destinées à la prostitution ou au travail domestique et l’asservissement par l’endettement, où l’on voit parfois des familles entières réduites en esclavage par la dette.

Le rapport de la CISL appelle le gouvernement thaïlandais à adopter un ensemble de mesures en vue d’adhérer aux normes fondamentales du travail reconnues à l’échelon international. Il en va notamment de mesures visant à protéger la liberté d’association, le droit de négociation collective et le droit de grève. Le gouvernement en place doit mettre un terme aux amendements de la législation en cours, qui ont pour effet de limiter davantage ces droits. Une action résolue est requise pour promouvoir la position des femmes par un accès accru à l’éducation et la réduction de la discrimination dans la rémunération. Le gouvernement doit continuer à travailler avec l’OIT en vue de traiter de façon efficace le problème du travail des enfants. Le gouvernement doit poursuivre les efforts visant à éradiquer l’asservissement par la dette et le trafic de femmes et d’enfants.

La CISL représente 158 millions de travailleurs dans 231 organisations affiliées dans 150 pays et territoires. La CISL est également membre des Syndicats mondiaux : http://www.global-unions.org