Laval, le 31 août 2017 — Les propriétaires-exploitants gagneraient 146 000 $ par année selon une étude menée par le site de chercheurs d’emplois Indeed Canada. C’est ce qu’a rapporté la journaliste Diane Tremblay du Journal de Québec dans un article intitulé « Des chauffeurs mieux payés que des avocats » et publié hier dans le quotidien de la Vieille-Capitale. Cet article a fait réagir bon nombre de routiers qui y voient une démonstration flagrante de l’ignorance des médias et de certains commentateurs de la réalité de l’industrie du transport routier.

D’abord, les conclusions de l’étude semblent faire abstraction des charges que doit payer un propriétaire-exploitant : essence, assurance, entretien du véhicule, financement du camion, etc. Ces paiements récurrents totalisent des milliers de dollars mensuellement.

Par conséquent, les 146 000 $ dont il est question dans l’article représentent un chiffre d’affaires et non pas le salaire que gagne un camionneur. En réalité, il faut généralement amputer ce montant de 50 %, voire plus, pour tenir compte des obligations financières du propriétaire-exploitant découlant de l’exploitation de son camion.

Portrait au Québec

En moyenne, les camionneurs en secteur urbain représentés par les Teamsters gagnent entre 40 000 $ et 45  000 $ par année et travaillent environ 60 heures par semaine. Ils parcourent entre 300 et 500 kilomètres par jour et travaillent très souvent six jours par semaine, ce qui équivaut à un salaire horaire variant entre 13,33 $ et 15 $.

Pour leur part, les camionneurs de route (longue distance) représentés par les Teamsters gagnent en moyenne 60 000 $ par année et travaillent 60 heures par semaine. Ils parcourent environ 600 kilomètres par jour, la plupart du temps six jours par semaine, ce qui équivaut à un salaire horaire d’environ 20 $.

Ces chiffres peuvent varier d’une région à l’autre en fonction des taux horaires prévus aux conventions collectives et des industries qui emploient des camionneurs. Ces estimations ne comprennent pas les autres avantages pouvant avoir été négociés dans les contrats de travail.

« L’article du Journal de Québec perpétue certains mythes qui déforment la réalité et qui contribuent, dans une certaine mesure, à stigmatiser les camionneurs, s’inquiète le directeur du service des communications et des affaires publiques du syndicat des Teamsters, Stéphane Lacroix. L’exaspération de certains usagers de la route à l’égard des camionneurs s’en trouve donc augmentée, puisque les gens ont l’impression que les routiers roulent sur l’or, ce qui est totalement faux. »

Pénurie de main-d’œuvre dans l’industrie

La pénurie de main-d’œuvre dans l’industrie du camionnage vient d’ailleurs contredire brutalement les conclusions de l’article du Journal de Québec. Selon une étude du Conference Board du Canada, la demande de camionneurs augmentera au cours des prochaines années. D’ici 2020, il pourrait manquer jusqu’à 25 000 camionneurs pour répondre aux besoins du marché. Cela s’explique par le fait que les conditions de travail dans l’industrie ne sont pas attrayantes et que les exigences des donneurs d’ouvrage sont tellement exagérées que les nouveaux routiers n’arrivent pas à concilier travail et vie personnelle.

Les camionneurs font face à de nombreux enjeux très importants ces années-ci, et ce genre de reportage ne fait que nuire à l’amélioration de leurs conditions de travail. Ils luttent notamment à faire reconnaître leur métier, ils doivent augmenter la cadence pour satisfaire à des délais de livraison déraisonnables, ils roulent sur des routes en perpétuelle construction et leurs conditions de travail sont tirées vers le bas par de petits exploitants qui offrent des taux ridiculement bas pour transporter la marchandise.

Les gens oublient trop souvent que le bureau d’un camionneur, c’est la route. En bout de piste, les routiers travaillent de longues heures dans un environnement stressant.

« Le métier de routier est très exigeant, autant psychologiquement que physiquement, conclut M. Lacroix. Le consommateur s’attend à ce que la télé 3-D qu’il a commandé lui soit livrée le plus rapidement possible, mais il y a un prix à payer pour ça. Et pour l’instant, ce sont les camionneurs qui ramassent la facture. »

Le syndicat des Teamsters représente les intérêts de près de 40 000 travailleuses et travailleurs au Québec, dont 4000 dans le transport routier. La Fraternité internationale des Teamsters compte 1,4 million de membres en Amérique du Nord.

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Renseignements :

Stéphane Lacroix, directeur des Communications et des Affaires publiques
Portable : 514 609-5101
[email protected]