En juin, nous apprenions le meurtre d’Anastacio Tzib Caal, alors récemment élu au poste de secrétaire-général du syndicat représentant les ouvriers de l’usine de textile Texpia II, au Guatemala. Ce meurtre, malheureusement loin d’être unique, est un rappel des dangers auxquels font face les syndicalistes dans le monde.

Bien que nous fassions encore face à des difficultés dans nos économies développées, il est pertinent de se rappeler que dans plusieurs pays du monde, il est encore illégal de se syndiquer. À bien des endroits, les syndicalistes s’exposent à de graves dangers, et leurs parents et amis sont couramment eux-mêmes menacés.

 C’est donc sans surprise que nous rencontrons des difficultés lorsque nous cherchons à impliquer les nouveaux Canadiens dans notre mouvement. Pour trop de ces nouveaux arrivants, les activités syndicales sont illégales, et ils s’inquiètent des répercussions auxquelles ils pourraient faire face pour leur implication.

Pour cette raison, je m’engage à ce que notre syndicat augmente ses efforts envers l’implication des nouveaux arrivants, et j’encourage tous les syndicats canadiens à faire de même.

Tout ça m’amène à parler d’un problème plus important. Trop souvent, les nouveaux arrivants sont vus comme du cheap-labour, comme des gens qui peuvent être employés à moindre coût. Quand on parle de travailleuses et travailleurs migrants, c’est encore pire. Trop souvent, ils sont considérés comme des travailleurs jetables, des individus que l’on peut surexploiter, car leurs contrats ont une date de fin, et parce qu’ils sont à la merci de leurs employeurs, qui peuvent aisément les faire déporter.

Nous sommes fiers de compter des travailleuses et travailleurs migrants dans notre base, et nous travaillons fort pour nous assurer qu’ils sont bien traités et gagnent des salaires qui reflètent la valeur qu’ils créent au sein de notre société, nonobstant leur situation en matière de citoyenneté.

 Cela dit, ce ne sont pas tous les travailleurs migrants qui ont la chance d’être protégés par un syndicat. En fait, la majorité ne l’est pas, et elle fait face aux difficultés que j’ai relatées plus haut.

C’est ce qui m’amène à mon point principal. Le Canada a besoin d’une meilleure structure d’accueil. Ce n’est pas de plus de programmes dont nous avons besoin, mais bien d’une vision. Nous devons nous assurer que les nouveaux arrivants sont pleinement intégrés dans notre société, et la seule façon que nous pouvons le faire, c’est en les intégrant à notre économie.

À cet effet, les syndicats ont un rôle à jouer. En luttant pour des salaires justes et des conditions de travail adéquates, nous pouvons amener la stabilité économique dont les immigrants et les immigrantes ont besoin pour s’épanouir, et contribuer à bâtir le Canada, comme nous le faisons tous. À l’aide de programmes de formation, nous pouvons aider les nouveaux arrivants à s’informer sur leurs droits et les différentes protections en milieu de travail, ainsi que sur l’importance des syndicats, et leurs nombreux avantages. Nous pouvons également offrir des programmes de mentorat pour aider les immigrants et immigrantes à s’adapter au marché du travail plus rapidement, et changer les milieux de travail pour qu’ils soient plus inclusifs, et accueillants.

J’étais donc ravi de lire récemment que le gouvernement considérait réduire le nombre de travailleurs migrants temporaires qui viennent au pays chaque année, pour se concentrer, à la place, sur leur intégration, et le développement de voies vers la résidence permanente.

Ce n’est pas un secret pour personne que le Canada a besoin d’immigrants. Nous devons trouver de nouveaux travailleurs pour combler des besoins de main-d’œuvre dans plusieurs industries, et, collectivement, nous profitons d’une plus grande diversité. En s’assurant que les nouveaux arrivants sont bien intégrés à notre économie, c’est tout le Canada qui est gagnant.

Les syndicats, comme les Teamsters, ont un rôle à jouer dans ce processus. En s’assurant que les nouveaux arrivants soient mieux informés quant aux syndicats, qu’ils participent davantage à nos processus démocratiques, tout en luttant pour leurs droits, ce n’est pas que notre mouvement que nous venons renforcer, mais bien tout le pays. Cette mission, si nous la menons à terme, rendra le Canada plus fort et prospère.

François Laporte
Président de Teamsters Canada
Vice-président de la Fraternité internationale des Teamsters