Jean Chartrand est président de la Section locale 106 des Teamsters, qui représente les intérêts de plusieurs milliers de camionneurs au Québec

Ainsi donc, le bouchon de circulation qui a paralysé l’A-13 les 14 et 15 mars 2017 serait la faute des camionneurs. C’est ce que sous-entend le dirigeant de la compagnie d’excavation Roxboro qui a été pourtant montré du doigt dans deux rapports du gouvernement du Québec.

Remettons maintenant les pendules à l’heure.

Le syndicat des Teamsters qui représente d’innombrables camionneurs depuis le début du siècle dernier, a une expertise inégalable dans la compréhension des enjeux qui minent le réseau routier.

Contrairement à la croyance populaire, il est vrai qu’un camion peut rester pris dans 3 centimètres de neige. Mais il faut réunir plusieurs conditions pour que cela se produise: la neige doit être lourde et collante; de la glace doit s’être formée et la quantité d’abrasif déposée par les déneigeuses doit être insuffisante. De plus, le chargement du camion, la répartition du poids, l’état des pneus et l’expérience du chauffeur peuvent notamment contribuer à ce qu’un routier s’enlise dans la neige.

Les gens ignorent qu’un routier devra payer de sa poche la remorqueuse lorsque son camion s’enlise ou est impliqué dans un accident sur plusieurs routes au Québec. Les contrats exclusifs accordés par le ministère des Transports du Québec (MTQ) à des entreprises de remorquage mettent une pression à la hausse sur le prix du remorquage sur plusieurs tronçons du réseau routier. Ainsi, un remorquage peut coûter jusqu’à une ou deux semaines de salaire d’un routier.

C’est donc dire que ces travailleurs, qui font généralement autour de 50 000 $ par année et qui travaillent 50, 60, voire 70 heures par semaine, devaient payer de leurs poches près de 1000 dollars, si ce n’est plus.

Cela dit, que les camionneurs aient été responsables – ou non – du bouchon de circulation, il n’en demeure pas moins que les forces policières auraient dû intervenir beaucoup plus rapidement pour faire enlever les camions du chemin. Puisque les conditions climatiques et l’état de la route étaient en partie ou en totalité responsables de l’enlisement de ces véhicules, le MTQ aurait dû payer la facture pour les deux camionneurs.

La compagnie de déneigement, le MTQ, les forces policières ont un examen de conscience à faire. Il en va sans doute de même pour les routiers pris dans ce bouchon de circulation monstre.

Néanmoins, plutôt que de s’entêter à trouver le coupable, ne serait-il pas temps de discuter des solutions durables? Un rehaussement des normes de déneigement, une augmentation du nombre des déneigeuses sur les routes, une réduction des prix du remorquage et une vigilance accrue des forces policières seraient des solutions gagnantes pour tous les usagers de la route.

Renseignements :

Stéphane Lacroix
Directeur des Communications et des Relations publiques
Teamsters Canada
514 609-5101